"Vienne la nuit sonne l'heure, Les jours s'en vont je demeure"

De retour de vacances dans le Lot, pays d'enfance et de rivières, ces vers de Guillaume Appolinaire ne m'ont jamais semblé si justes que dans ce moment suspendu au dessus de la rivière Célé, accrochée au même pont qu'il y a neuf ans.

Il y a là sans doute quelque chose à inventer du courant de l'eau et de la permanence tranquille de l'édifice qui l'enjambe...

Le Pont Mirabeau
Guillaume Apollinaire (Alcools, 1913)

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Il y a neuf ans ...