Notes de création
TresseS est une pièce chorégraphique pour corde lisse acrobatique, sur une musique originale de Philippe Ollivier diffusée en octophonie.
La partition musicale de TresseS puise sa source dans les mélodies du bandonéon qui transformées et démultipliées, créent une arène sonore. Ce sont des boucles sonores qui se répètent, se déplacent, se rejoignent, se déploient et se transforment, on y entend à la fois le mouvement des vagues et le silence habité des forêts du Nord. C'est une musique qui nous emporte à l'intérieur d'un espace qui serait le volume du temps.
Pour ce spectacle j'ai écrit la partition de corde lisse sur la partition musicale préexistante de Philippe Ollivier de façon à ce que chaque geste et chaque tonalité de corps réponde à celle de la musique.
TresseS est une danse de 33 minutes sans toucher le sol. Le mouvement est lent, c'est un souffle continu, un battement déployé comme les ailes d'une raie ou celles d'un oiseau dans les courants. On y traverse de boucles en boucles chorégraphiques inlassablement répétées déployées suspendues les états de pesanteur et de densité d'une vie. C'est quelque chose de sombre au départ, qui se révèle extrêmement lumineux.
J'ai la sensation d'approcher avec TresseS l'endroit que je cherche à atteindre depuis longtemps, c'est peut-être l'aboutissement d'une recherche qui a commencé bien avant ma pratique circassienne, une recherche sur le langage qui du creux des pages et des bancs de l'université s'est envolée et est devenue le chemin d'une corde sur laquelle on danse. Il fallait sans doute tout ce temps et enfin l'intensité de cette rencontre artistique avec Philippe dont la musique porte cette aspiration pour arriver à dire sans prononcer un seul mot.


Spectacle immersif
TresseS est un spectacle qui dialogue avec l'architecture et le paysage du lieu qui l'accueille. Les éléments visuels aux lignes géométriques épurées s'intègrent harmonieusement dans l'environnement tout en y apportant une dimension insolite. Parallèlement, l'univers sonore déployé sur huit canaux s'infiltre subtilement dans les recoins architecturaux, les anfractuosités du bâti comme dans la végétation où il se dissimule.
Les enceintes acoustiques, de format réduit et alimentées par batterie, demeurent pratiquement invisibles une fois disposées dans l'herbe, fixées aux branches, nichées dans les buissons ou glissées entre les rochers.
L'éloignement variable des haut-parleurs, de quelques mètres à plusieurs dizaines, génère une spatialisation naturelle et une profondeur organique.
Leur niveau sonore mesuré permet une fusion délicate avec la bande sonore ambiante du site. La musique se mêle alors aux bruits existants pour créer une "acoustique enrichie". Cette illusion se trouve renforcée par l'incorporation de chants d'oiseaux, de coassements d'amphibiens et de stridulations d'insectes dans la bande sonore...
Le public se trouve alors en immersion dans un espace sonore transformé dont il ne perçoit pas nécessairement l'étendue des modifications apportées.
Note d'inspiration
La Machine infernale, Jean Cocteau, Acte II, extrait (1932).